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Prologue parisien


"A la recherche des étoiles orientales" est un nouveau blog dans lequel je vais tenter de raconter mon voyage fait en 1995/1996, il y a 25 ans donc.

Entre 1993 et 1995 j'effectuais mon service civil dans un collectif d'associations à Paris. Bien vite j'ai eu envie de faire un grand voyage après ce long service. J'ai ouvert une carte du monde et j'ai cherché des pistes de voyage. En 1991-92, à 19 ans, j'avais déjà visité l'Inde, le Népal et un peu le Pakistan, je voulais donc aller ailleurs. Après quelques projets, mon choix s'est porté sur la route de la soie, ou du moins une de ses routes à travers l'Asie Centrale. L'URSS était tombée quelques années avant, les pays s'étaient ouverts disait-on. A 23 ans, je décidais de tenter l'aventure.

Quel était le but de ce voyage ? En fait il y avait bien un objectif réel : rendre visite à une amie habitant en Estonie. Mais plutôt que d'y aller directement en 2 jours, je décidais d'en profiter pour visiter un peu le reste de l'Eurasie, d'aller le plus loin possible puis de revenir tranquillement. Ce voyage en solitaire était avant tout pour moi-même. Ce n’était pas un reportage, ni une exploration, ni vraiment du tourisme, ni un échange culturel, ni un voyage initiatique (j’étais déjà allé à Bénarès et Katmandou) ... Bref, c'était un voyage perso afin de découvrir de nouvelles cultures, peuples, traditions, modes de vie, ... mais aussi un voyage à travers l'histoire contemporaine : la décomposition de l'URSS, la transformation chinoise, la nouvelle Russie...

N'allez pas croire que je suis parti sur un coup de tête. J'ai patiemment économisé ma maigre solde, je me suis acheté un bon sac à dos (que j'utilise toujours), un sac de couchage résistant à des basses températures, des chaussures de randonnée... et surtout j'ai commencé à apprendre le russe un an avant le départ, en suivant des cours du soir, pour pouvoir parler un minimum, comprendre un peu et lire toutes les indications en cyrillique. C'était une bonne idée car à l'époque peu de personnes parlaient anglais dans ces pays (la langue de l'ennemi qui vous rendait suspect aux yeux du KGB). Non, je n'ai pas appris le mandarin alors que j'envisageais aussi d'aller en Chine - d'une part je pensais y rester moins longtemps, et d'autre part la Chine s'était ouverte aux visiteurs depuis plus longtemps, je me disais donc qu'il y aurait moins de problèmes pour y voyager.

Petit flash-back technologique : en 1995 Internet n'en était qu'à ses premiers balbutiements et les Français se servaient encore du minitel (une sorte d'annuaire, moteur de recherche, numérique assez basique, lent et moche). Personne (hormis quelques rares chercheurs, universitaires, informaticiens) n'utilisait d'email. Les téléphones n’étaient pas portables - oui, il y avait bien des téléphones satellitaires mais ils étaient très chers et  nécessitaient d’être accompagnés d'une valise pleine de batteries et relais radios de 15 kg ... Google ? Pour trouver un peu de renseignements sur, par exemple, le Turkménistan, il fallait consulter une encyclopédie rarement mise à jour dans une bibliothèque, pendant ses heures d'ouverture. On peut mesurer combien la situation a changé en 25 ans. Maintenant on peut savoir ce qui se passe à l'autre bout du monde quasiment en direct, assis à une terrasse de café, en regardant son téléphone... pour peu que l'on cherche à savoir bien sûr.


Voici les 2 seuls guides qui m'accompagneront durant tout le voyage : le premier sur l'URSS (en anglais USSR), le second sur le Nord-Est de l'Asie (je n'ai gardé que la partie sur la Chine). Comme vous le voyez, dès le départ il y a un problème : l'URSS s'est dissoute en décembre 1991. En 1995 il n'y avait toujours pas d'autre guide sur cette région que celui-là. Oui, il y en avait sur Moscou et St Petersbourg, mais rien d'autre sur le Caucase ou l'Asie Centrale. Ce n'est donc pas un voyage vers des zones inconnues, mais disons plutôt très méconnues.

Au départ de Paris, mon passeport ne contenait que 2 visas : Arménie et Géorgie. La Turquie délivrait un visa de 3 mois à l'entrée sur son territoire. Quant à la suite, la chasse aux visas se ferait sur le terrain, pays par pays, selon les cas (mais on y reviendra plus tard), et l'incertitude de ne pouvoir continuer plus loin, de trouver une frontière fermée, m'a longtemps accompagné.

Le but de ce blog ? Raconter une époque disparue, la transition historique entre deux périodes, raconter aux plus jeunes comment le monde était avant, et permettre de mesurer les énormes changements qui sont intervenus en 25 ans.

Dernière chose : le nom de ce blog est tout récent, je l'ai trouvé le mois dernier. Les étoiles dont il est question ici sont tout simplement celles présentes sur les drapeaux des pays (ou ex-pays) traversés : Turquie, URSS et Chine - deux sont (officiellement) communistes et le troisième musulman. Tous les 3 sur fond rouge. Décidément, l'Orient est rouge (hymne de la république populaire de Chine durant la révolution culturelle ;-).

A suivre, la première étape du voyage : la Turquie.

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